Ce bébé on l’a voulu, on l’a désiré, on l’a attendu et pourtant, la rencontre ne se passe pas comme prévu. Aujourd’hui je voulais revenir sur l’après accouchement, quand celui-ci n’est pas ce qu’on avait imaginé.
En effet, c’est une maman que je connais bien qui m’a soufflé l’idée. On parle souvent de la grossesse, comment se préparer au jour j mais rarement de l’après, si ce n’est concernant le bébé et ses besoins physiologiques.
Comme toutes les rencontres amoureuses, il y en a qui commencent par un coup de foudre, d’autres mettent plus de temps à se créer. Il arrive que tisser des liens avec bébé ne soit pas aussi naturel qu’il n’y parait. De plus, la maman a souvent tendance à culpabiliser dans ces moments là, elle se sent inutile, a l’impression d’être une mauvaise mère, alors que c’est juste un être humain qui fait de mieux et gère ce trop plein d’émotions.
La plupart du temps, le personnel médical ou les proches vont mettre ça sur le coup du Baby Blues (je pense que j’essayerais de faire un article sur le sujet), mais elles ont bon dos les hormones. Mettez vous deux secondes à la place d’une femme. On a mis 9 mois pour s’habituer au changement de notre corps, à créer une relation avec ce petit être in utero, à l’imaginer, à préparer son arrivée, à entendre son petit leur battre, à lui parler, 9 mois à se faire à l’idée qu’on devenait maman et en quelques heures, ce petit être n’est plus en fusion avec nous mais bel et bien dans nos bras.
En ce qui me concerne, je vous ai déjà dit que le jour de la rencontre a été une évidence, j’étais à ma place. Cependant, bien que j’avais imaginé l’inverse, je n’ai pas pleuré. J’étais trop sonné, on te met ton bébé dans les bras et après on te monte en chambre, puis on te laisse seule comme ça. Et là, il te regarde, avec ces grands yeux, lui aussi doit apprendre à connaitre cette personne dont il connait la voix, l’odeur mais n’avais jamais vu auparavant.
Tout s’est fait naturellement, même si au début je n’osais pas, j’avais peur de lui donner le bain. Il y a quand même une chose à laquelle je n’étais pas préparé, et ça va sûrement sembler illogique pour certaines, mais j’ai retrouvé mon poids d’avant grossesse en même pas une semaine, et dès le lendemain mon ventre avait quasiment dégonflé. La plupart des gens me disent c’est génial et c’est vrai qu’en soit ça l’est, mais j’ai trouvé ça trop brutal, comme si je voulais garder un souvenir de ma grossesse, me dire que cette fusion n’était pas finie. Certaines ont même ce qu’on appelle le syndrome du ventre vide : il faut apprendre à faire le deuil de sa grossesse. Je me sentais inutile de ne plus porter la vie.
Selon comment se passe l’accouchement, il est difficile de faire ce deuil et certaines n’arrivent même pas à s’attacher à ce bébé qu’elles ont dans les bras, comme si c’était irréel.
Je viens de vous dire que j’ai trouvé ça brutal, alors imaginez quand des femmes accouchent par césarienne, elles peuvent avoir l’impression qu’elles n’ont pas mis au monde leur enfant. Tisser des liens peut alors devenir plus compliqué. La maman qui m’a raconté son expérience a eu une césarienne sous anesthésie générale, pour faire simple : on vous endort enceinte, vous vous réveillez et quelques heures après on vous emmène un bébé.
Cette situation n’est pas facile, à tel point que cette maman a eu un sentiment de rejet vis à vis de son bébé. Comment l’expliquer aux personnes autour de nous, alors que ça devrait être naturel ? Du moins c’est ce qu’on nous rabâche. C’est là que la culpabilité arrive, et peut parfois déboucher sur une dépression.
Je n’ai pas moi même connu ces début difficiles mais je tenais a faire partager son expérience, car je pense qu’on est passez informé sur ce sujet. Tout n’est pas toujours rose. Les débuts d’une relation peuvent être compliqués.
Je voulais aussi lui dire, que peu importe comment commence la relation, elle n’en reste pas moins une mère formidable qui aime son fils malgré tout. Je suis persuadée qu’au fond lui il le sait aussi. Elle trouve qu’elle n’a pas été à la hauteur, je trouve surtout qu’elle est courageuse et qu’elle a fait du mieux qu’elle pouvait et rien que pour ça, aux yeux de son fils elle est la plus belle, la meilleure des mamans.
Elle a également écrit un texte pour lui, je vous laisse le découvrir.
Mon fils,
Ca y est, je commence à me souvenir, tout n’est pas perdu fiston, mon amour.
Au début, c’était plus simple pour moi, tu grandissais dans mon ventre, je te sentais évoluer jour après jour, je t’aimais déjà. Ce premier lien, si fort, c’est grâce à ça que je n’ai pas baissé les bras. Puis vient le jour de l’accouchement avec les contractions atroces… et là, tout s’enchaîne: pas droit a la péridurale, col bloqué à 6cm, on commençait à souffrir, il fallait agir au plus vite… alors, cette belle époque s’est finie en césarienne sous anesthésie générale. Et les jours, les mois qui suivirent ta venue au monde furent difficile pour moi. Certes, on t’a posé 5h sur moi après ta naissance, on s’est échangé un regard intense que je n’oublierai jamais mais mon inconscient bloquait… « C’est pas possible que ce soit lui,tu n’as pas accouché » « t’es pas encore enceinte? En es-tu sûre? » « Est-ce bien ton bébé? » et bien d’autres questionnements. De là, je t’ai rejeté, c’était trop dur pour moi… T’images devoir prendre dans ses bras, allaiter, regarder, sourire à un bébé qu’on n’arrive pas à reconnaitre comme étant son propre enfant… je ne souhaite ça à personne! J’ai eu besoin d’aide, énormément, j’ai été relativement bien entourée malgré quelques rejets et petit à petit, quelques bribes sont revenues. Je refaisais doucement, jour après jour, le lien « avant/après Ethan ». Et, aujourd’hui, à tes 9 mois (et 1 jour), en te voyant dormir sur mes genoux, j’ai enfin la révélation tant attendu: c’est toi!
C’est toi le petit loup dans mon ventre, mon petit colocataire, celui qui bougeait bien 🙂 Celui qui a partagé de bons comme de mauvais moments, envers et contre tout.
Tu ne peux pas te rendre compte à quel point c’est monumental pour moi. Alors je pleure, un mélange et de tristesse et de joie, mais c’est enfin la libération d’un passage à vide.
Je suis désolée mon amour, j’ai pas été à la hauteur à ta naissance mais je te fais la promesse que ton avenir sera pleinement à mes côtés (et ceux de ton père bien entendu!) et je ferai tout pour que ta vie soit belle.
Je t’aime tellement.
Maman
Quand tu liras ce texte, tu seras un adulte (sage? Ca reste à voir ^^) bien dans sa peau je l’espère et peut être déjà comblé sentimentalement…
Je voulais, par ce texte, t’expliquer ce qu’il s’est passé car ça appartient à ton histoire et que tu en as été affecté et aussi te faire comprendre la souffrance que peut traverser une femme après son accouchement…
mamampoule
2 février 2017 at 14 h 37 minOh la la bah moi ça m’a fait pleurer tout ça c’est super émouvant !
J’ai eu la chance d’avoir une super grossesse et un accouchement presque comme je le voulais (je voulais accoucher sans péridurale mais j’ai paniqué à 8cm du coup je l’ai prise…) et pourtant les premiers jours après la naissance ont été difficiles émotionnellement. Alors je n’imagine même pas quand la naissance est compliquée.
Et le coup des hormones je n’y crois pas du tout. Mon mari m’a avoué que lui aussi a eu un petit « baby blues » et ça ne peut pas être les hormones dans son cas ! Je pense plutôt que la fatigue, le changement brutal et la prise de conscience de ces nouvelles responsabilités y sont pour beaucoup.
lesdelicesdeframboise
3 février 2017 at 9 h 30 minLes hormones doivent jouer mais je pense qu’il n’y a pas que ça, mon mari aussi a eu son petit baby blues.
Comme tu dis c’est le mélange de tout, lors de l’accouchement je n’avais pas dormi depuis 48h, on est épuisé, on a pas mangé, et à la maternité on vient sans cesse te déranger alors que tu essayes de tisser des liens avec ton bébé. C’est pas forcément facile.
J’ai eu un accouchement douloureux (péri n’a pas pu faire effet) mais un bel accouchement malgré tout. D’ailleurs, je me dis qu’avec le recul tant mieux qu’elle n’ait pas effet complètement, j’ai pu sentir toutes les contractions et vraiment pousser quand il le fallait.
Bisous
Picou bulle
2 février 2017 at 15 h 46 minOui, c’est vrai qu’il faut parfois du temps…Pour ma part ça a été évident, mais suite à la douleur de mon accouchement sans péridurale pour ma 2ème, et surtout le contrecoup du gaz hilarant, j’ai eu l’impression d’avoir « loupé » la naissance, de n’avoir eu aucun contrôle (on me demandait d’arrêter de pousser, mais je ne pouvais rien faire et j’avais l’impression de réagir avec 3mn de retard…). Heureusement pour moi ce sentiment n’a duré que quelques heures, mais je crois que mes premiers mots à ma fille ont été « désolée d’avoir raté ce moment de notre rencontre »…je pense à ces mamans qui ont ce sentiment longtemps, comme il doit être dur de se reconcentrer et de ne pas se culpabiliser…
lesdelicesdeframboise
3 février 2017 at 9 h 33 minMerci pour ton témoignage 🙂
Je pense qu’il est important de parler à bébé comme tu l’as fait, je suis sûre qu’ils comprennent bien plus qu’on le croit. Ils doivent sentir ces choses.
Je pense aussi à toutes ces mamans pour qui ça n’est pas facile, et la plupart du temps on doit se sentir seule, on doit pas oser en parler car comment dire aux autres que quelque chose qui est censé être naturel ne l’est finalement pas !
Bises
ALittleOne
2 février 2017 at 16 h 59 minC’est vrai que ça ne doit pas être facile l’après accouchement, quand tout à coup ce n’est plus toi le centre d’intérêt mais le bébé, on doit penser à soi plus à ce nouveau petit bout qu’on ne connaît pas même si on l’attend depuis si longtemps. Je ne sais pas ce que ça fait mais le moment venue je repenserais à ton article et je me sentirais moins seule !
lesdelicesdeframboise
3 février 2017 at 9 h 35 minTu verras le moment voulu chaque accouchement est tellement différent.
En tout cas peu importe comment ça se passe, une chose est sûre c’est intense et ça change la vie <3
Maman BCBG
3 février 2017 at 8 h 06 minC’est très vrai ce que tu écris… il y a autant de rencontres que de naissances différentes, et certaines sont plus faciles que d’autres. Très joli texte de ton amie, ça a du être difficile cette impression d’irréalité avec son enfant… heureusement que la naissance est avant tout un point de départ et non une fin en soi, mais cela a du être difficile!Il ne faut pas qu’elle culpabilise, elle a vécu ce qu’elle a vécu, on peut difficilement changer son ressenti 😀 et de nombreuses femmes traversent ce genre de période (et oui, le baby blues a parfois bon dos…)
lesdelicesdeframboise
3 février 2017 at 9 h 37 minJe lui dirai de venir voir ce gentil commentaire 🙂
Je n’aurais pas pu dire mieux, c’est un commencement et non une fin en soi. Après tout, peu importe comment on prend le départ tant que la ligne d’arrivée est la même!
Oui le baby blues, je pense qu’en effet il y a une chutes des hormones c’est physiologique mais derrière il y a bien plus que ça.
jenesuispasunepoule
3 février 2017 at 10 h 53 minComme tu le dis chaque rencontre est différente. Moi la mienne a été magique. Les premiers jours à la maternité se sont déroulés dans une symbiose totale… Mais c’est après que ça a été dur : les pleurs, le manque de sommeil, la solitude, l’incompréhension. J’ai fait de mon mieux, mais je ne ressentais pas cet amour intense qu’on m’avais conté. C’est après, au fur et à mesure qu’il s’est construit. Aujourd’hui j’aime ma fille (de 3 ans) plus que tout et je n’imaginais même pas qu’il puisse exister un amour aussi fort que celui-ci. J’espère de tout mon coeur que je trouverai autant d’amour dans ma prochaine rencontre (plus que 4 mois!^^)
lesdelicesdeframboise
3 février 2017 at 14 h 15 minC’est bien résumé : on fait de notre mieux ! Et quelque part je pense que c’est ça être une bonne maman, on fait de notre mieux pour nos enfants, on cherche à s’améliorer pour eux. Alors oui tout ne peut pas être parfait mais fond c’est l’amour qu’on leur porte qui compte.
Je n’ai aucun doute quant à l’amour qu’il y aura pour cette deuxième rencontre, prends soin de toi pour cette fin de grossesse.
Bises
Laetitia L.
3 février 2017 at 12 h 00 minMerci à toutes pour votre soutien 🙂
Ca va beaucoup mieux maintenant, j’ai passé un cap après cette « révélation » mais je souhaitais faire part de ce sentiment pour que les autres mamans, qui vivent peut-être la même chose et qui liraient ce blog, ne se sentent pas seules…
J’ai eu la chance d’avoir un mari formidable qui s’est beaucoup occupé de notre fils et une psy qui a su m’aiguiller dans mon cheminement.
Encore milles mercis de l’avoir partager sur ton blog et pour ton magnifique texte <3
lesdelicesdeframboise
3 février 2017 at 14 h 12 minDe rien, et je suis contente que ton histoire fasse réagir les gens. J’espère sincèrement que ça pourra aider certaines mamans qui sont seules face à ça.
Je t’embrasse.
happy and baby
3 février 2017 at 12 h 13 minMagnifique texte. Eh oui, il faut aussi gérer l’après, créer le lien, ce que les proches ne comprennent pas vraiment…Tu es censée nager dans le bonheur, donc ils ne comprennent pas toujours le chamboulement physique et émotionnel qu’il y a derrière…
Des bisous
lesdelicesdeframboise
3 février 2017 at 14 h 23 minMerci pour ton message. Oui tu es « censée » mais malheureusement c’est pas parce certaines personne l’ont décidé que ça doit se passer comme ça. Bisous et merci d’être passé par ici .
mamansurlefil
3 février 2017 at 14 h 30 minTrès Bel article… Cela me parle beaucoup cette histoire. Je devais accoucher de mon fils par césarienne programmée mais j’ai fait un arrêt cardiaque au moment de la rachi-anésthésie. j’ai perdu connaissance et me suis réveillée en Réa. On m’a amené mon fils quelques heures après mais j’ai eu beaucoup de mal à faire le lien entre ce petit être qui était dans mon ventre et ce bébé inconnu que l’on me tendait. C’est bête mais on se dit qu’ils pouvaient me présenter n’importe quel bébé (même si le papa ne l’a pas lâché des yeux !)… Je n’ai pas mis autant de temps à réussir à passer outre mais il m’a bien fallut quelques semaines pour que mon cerveau accepte que oui, c’était bien ce petit bout qui a poussé dans mon ventre… Dur, dur le rôle de parents. En tout cas, c’est très bien retranscrit dans ton article et dans la lettre de la maman…
lesdelicesdeframboise
4 février 2017 at 8 h 26 minTu n’as pas eu un accouchement facile, on se dit toujours que ça nous arrivera pas ce genre de choses et pourtant. Je pense aussi au papa pour qui ça ne devait pas être facile, d’apprendre que tu avais fait un arrêt cardiaque.
Je comprends alors que les débutes aient été un peu compliqués.
Bisous et merci pour ton message.
mamansurlefil
4 février 2017 at 9 h 14 minMerci c’est gentil… Je crois que le Papa n’a réalisé que bien plus tard 😉
booubouu
3 février 2017 at 17 h 24 minJ’ai tellement mal vécu la chute d’hormones. J’hésite a faire un billet sur le sujet tant elle a été violente pour moi… Je suis restée à l’hôpital une semaine…. c’était long long long…! Dès le premier jour de vie de notre fils, les auxiliaires de puériculture nous on laissé tranquille quant à lui donner le bain.. nous étions toujours que tous les deux.. c’était super. Et aussi étonnamment que cela puisse paraitre, c’est le papa qui était tout de suite à l’aise pour le changer, le bain… je ne m’attendais pas à ça de sa part ! Une amie a moi a mit un bon mois avant de créer ce lien avec son fils. Aujourd’hui ils sont comme cul & chemises lol, il a 5 ans et leur relation est d’une fusion impressionnante !
Des bisous ma choupette 😉
lesdelicesdeframboise
4 février 2017 at 8 h 23 minTu devrais faire un billet, ça pourrait peut être aider certaines maman ou simplement te faire du bien d’en parler 🙂
Pour le bain je n’osais pas non plus, le papa était bien plus à l’aise pour ça. En ce qui concerne les auxiliaires, moi je n’avais pas apprécié le fait qu’elles te disent toutes des trucs différents, alors quand tu en vois je sais pas combien pendant ton séjour tu sais plus quoi faire. En plus ici bébé était en surveillance particulière car poche des eaux percée et il avait une jaunisse persistante, donc elles venaient tout le temps lui faire le test pour vérifier.
Bisous à toi aussi
booubouu
4 février 2017 at 10 h 23 minHa j’ai connu ça la jaunisse pour mon fils… On est resté 6 jours à cause de ça.. ils venaient matin midi et soir lui faire les tests.. c’était fatiguant.. après pour les auxiliaires j’ai vraiment mis le hola !
lucilleyuuji
7 février 2017 at 10 h 53 minC’est vrai qu’on pense rarement a ce genre de chose… comme tu l’as dis on s’imagine un tas de choses et que ça soit évident… Tu mets toujours le doigt sur des sujets qu’on ne voit pas partout et ça réconforte sans doute toutes celle qui sont passé par là 🙂