« le bonheur en partant m’a dit qu’il reviendrait…
Que quand la colère hisserait le drapeau blanc, il comprendrait »
Jaques Prévert
J’ai essayé tant bien que mal de chercher une ouverture pour cet article, mais je n’y arrivais pas. J’ai écrit, puis j’ai effacé. Je ne trouvais rien d’assez bien. Je préfère laisser la place à cette citation de Jacques Prévert, citation qui est chère au coeur de Mélanie Lembre. Le bonheur, elle pensait l’avoir atteint en tombant enceinte de sa petite Luna, malheureusement le destin en a décidé autrement. En effet, « Il ne suffit pas d’être enceinte pour voir son enfant vivant, il ne suffit pas d’accoucher pour ramener son bébé à la maison. Certains berceaux resteront vides. ».
Je savais qu’à la seconde où j’allais lire ce livre, j’allais pleurer. D’ailleurs je l’ai presque lu d’une traite, comme si je voulais enlever le pansement d’un coup, en espérant que ça serait moins dur. Je me trompais.
Résumé du livre :
Née sans un cri, est un témoignage à cœur ouvert : triste, émouvant, mais plein de courage. Le livre retrace le quotidien de Mélanie, la première année après le décès de Luna, née sans vie en 2015.
D’une grossesse parfaite au choc, du déni à la colère, de ce deuil sans nom à un début de reconstruction, … À travers ces mots, Mélanie Lembre vous livre ce début de chemin entre chagrin et culpabilité. Est il possible, un jour, de ne garder que le meilleur d’une relation mère-fille volée aux portes de la naissance ? Apprend t-on à revivre ? Comment penser à redonner la vie quand on a porter la mort ?
Est ce que j’apprendrais, un jour, à annoncer sa mort, sans larmes, ni sanglots ? Est ce que je m’habituerais à ce vide qu’elle m’a laissé, cette place dans ce lit qui ne l’accueillera jamais, ces uniques photos, ces lettres qu’elle ne lira jamais autre part qu’au paradis ? Est ce que je m’habituerais à regarder ses vêtements qu’elle ne portera jamais ?
Le deuil périnatal est encore aujourd’hui un sujet trop tabou et pourtant il touche 7000 familles par an. Selon l’OMS, on définit la mort périnatale comme étant le décès d’un bébé survenant entre la 22e semaine d’aménorrhée (ou quand le fœtus a atteint un poids minimum de 500 grammes) et le 7e jour de vie. Cependant, plusieurs spécialistes préfèrent élargir cette définition.
La plupart du temps ce deuil périnatal est même minimisé. Certains diront que c’est moins dur car le bébé n’a pas vécu ou très peu, d’autres que les parents qui vivent ça ne sont pas réellement des « parents ». Les proches n’osent pas en parler, très certainement par peur de blesser, le personnel médical n’emploie pas toujours les bons mots mais en même temps , existe-il des mots justes quand on perd son enfant ? La peine est tellement intense, brutale et cruelle que peu importe les mots, rien ne l’adoucira.
Mélanie souhaiterait qu’il existe un mot pour définir ces parents. Les termes orphelin et veuf existent mais il en existe aucun pour qualifier ces parents, car oui ce sont des parents. Ils deviennent parents dès lors que bébé s’installe dans le ventre. Moi même j’ai tendance à dire que mon bébé n’a pas 9 mois mais 18 mois. Pendant la grossesse, un lien se crée avec votre bébé, unique, fusionnel, vous lui parlez. Oh oui ça elle lui parlait à sa « coccinelle », elle lui écrivait et lui écrit encore des textes.
Même s’il est encore dans le ventre, l’enfant à naitre est partout, vous vivez déjà avec lui, il a déjà son endroit dans la maison. Alors s’il vous plait, ne dites jamais à un parange qu’il n’est pas parent ou que c’est moins dur car il n’a pas vraiment « connu bébé ».
A travers ce livre elle aimerait aussi interpeller le personnel de santé : « Je souhaite que les professionnels de santé soient interpellés par mes écrits. Ils sont concernés de près. En effet, ils sont ceux qui nous annoncent le pire, mais aussi ceux qui doivent être le plus bienveillant et entourant possible »
Tout simplement elle écrit car c’est son chemin vers la reconstruction, car elle a connu l’impensable, mais aussi pour dire à tous ces parents dans la même situation qu’ils ne sont pas seuls.
Elle débute ce livre en nous racontant un peu son enfance, son avant Luna, jusqu’à ce fameux jour, ce 3 juillet 2015. La partie concernant l’accouchement est assez dure, on a presque envie qu’un miracle se fasse, que Luna pousse son premier cri, alors que non : elle est née sans un cri, dans un silence assourdissant. Mélanie voulait le vivre cet accouchement, elle voulait mettre au monde sa fille naturellement. La vie lui avait volé sa fille, elle ne devait pas lui prendre ce moment là.
En ce qui me concerne j’aimerais que les choses bougent dans les maternités. Je souhaiterais que tout parent qui vive ça, puisse avoir le droit de se créer des souvenirs : les empreintes, des photos, avoir le droit de porter son bébé, une mèche de cheveux. Certaines le font mais toutes ne le proposent pas systématiquement alors que selon moi, je pense que c’est nécéssaire pour faire son deuil, pour se dire que son enfant a bel et bien existé.
Ensuite commence la reconstruction et tout le cheminement, la culpabilité, les questions, la colère envers les gens : l’après tout simplement. Annoncer ce qui c’est passé à ses proches, les obsèques, réaliser des faire parts, le premier noël sans elle, son berceau vide, sa chambre vide. Franchir des étapes pas à pas.
Il y a un moment qui m’a marquée dans son livre, ce sont les obsèques. Elle fait preuve d’un grand courage, porte le cercueil, lit un texte émouvant mais ne pleure pas. Elle est forte car « c’est ça d’être maman, je crois ». C’est exactement ça , rester forte pour son enfant quoiqu’il arrive. Bien que certains disent le contraire c’est une maman à ce moment là, pour les mamanges, c’est bien réel, cette plaie, ce vide en elles, et ce petit être qu’elles ont senti dans le ventre, qu’elles ont porté.
De plus, sur son cercueil seule une année est inscrite, 2015, elle n’a pas eu le droit à une vraie date car elle morte in utero, comme si elle n’avait pas existé….je trouve ça juste inhumain. Luna est née sans cri mais moi j’aimerais crier au monde entier : pourquoi ? Pourquoi ce genre de pratique ? Pourquoi tant de silences et aussi peu de considérations pour ces petits anges et leurs parents ?
Ce qui m’impressionne c’est la maturité avec laquelle elle parle de son histoire, si je ne connaissais pas son âge je pourrais penser qu’elle est bien plus vieille. Elle garde espoir malgré tout, n’abandonne pas la vie, une belle claque quand on voit certains qui se plaignent pour un rien.
On retrouve également des témoignages d’autres mamanges.
Je pourrai continuer à parler encore et encore de ce livre tellement il m’a touchée, mais je vais finir en disant seulement : ne faites plus de ce sujet un tabou. Alors achetez le livre (cliquez ici) , partagez cet article, allez la soutenir sur sa page fb et si un proche vit cela ne faite pas comme si le bébé n’ait jamais existé.
Je vous laisse avec un de ses textes que vous pouvez retrouver dans son livre :
Ma fille,
Tu m’as appris une chose :
Le vie est éphémère, elle ne tient qu’à un fil
Le jour où ce sera mon tour de partir,
je n’aurai pas peur de la mort, je l’espère.
je saurai te retrouver parmi tous ces enfants anges,
Ces bébés partis trop tôt.
Je t’imagine dans ton berceau blanc,
Aussi belle qu’à ta naissance.
Je te reconnaitrai parmi tous. Je te le promets.
Mais avant cela, je me dois de vire.
Je t’aime, Luna
A toi Mélanie, sache que tu es une femme merveilleuse et courageuse. Tu es et seras toujours la maman de Luna, elle vivra toujours à travers toi et tes écrits….J’espère sincèrement que ton livre fera bouger les choses. Je te souhaite le meilleur pour l’avenir…
A vous paranges, vos étoiles brilleront toujours dans le ciel et seront toujours avec vous…
A toi Luna, le plus belle des coccinelles, veille sur tes parents et ta petite soeur…
A tous les parents, prenez conscience de la chance que vous avez d’être entourés de vos enfants…
lucilleyuuji
7 février 2017 at 10 h 34 minJe n’arrive même pas à trouver de mot pour commenter ton article… le livre à l’air poignant mais triste… je n’imagine même pas combien ça a dû être difficile pour la maman :/
lesdelicesdeframboise
8 février 2017 at 9 h 17 minOui c’est difficile de trouver les mots, j’ai moi même eu beaucoup de mal en écrivant cet article.
Bises et merci de toujours lire mes articles 🙂
lucilleyuuji
8 février 2017 at 13 h 00 minC’est toujours un plaisir ! Et tu es toujours présente aussi merci <3
Mélanie Ferreira Da Costa
9 février 2017 at 15 h 15 minMerci, je suis Mélanie, auteure de Née sans un cri. Oui ça à été très difficile mais ça a été aussi ma thérapie. <3 Merci à Clarisse.
lucilleyuuji
9 février 2017 at 15 h 45 minVous êtes très courageuse ! Je n’ai pas lu le livre mais avec ce qu’en dis Clarisse, on ne peut qu’imaginer et surtout ne pas rester insensible à cette épreuve !
Écrire aide beaucoup pour certaines personnes, je suis contente de savoir que cela vous a aider <3
Mam'Weena
7 février 2017 at 12 h 16 minCe texte est en même temps magnifique et glaçant …
Même si en trainant sur la blogosphère, on est confronté à ce deuil, j’avoue espérer ne jamais avoir à y faire face dans la vie courante, que ce soit pour moi ou pour des proches … Comment dire à une soeur ou à une amie qu’on aimerait lui trouver quelques chose à boxer face à une telle injustice?
Je sais que mes parents ont proposé à ma marraine de l’être car elle venait de perdre son deuxième enfant (et qu’elle m’a choisi parmi deux, ma soeur jumelle et moi, car mon prénom signifie « Dieu guérit ») … aurais-je un jour le courage de lui demander si ça avait apaisée sa douleur?
lesdelicesdeframboise
8 février 2017 at 9 h 20 minOn en entend parler mais c’est vrai qu’on espère ne pas y être confronté. Avec cet article je me rends compte qu’il y a beaucoup de personnes qui vivent ça ou beaucoup qui ont eu des proches qui vivent ça et pourtant on en parle peu.
C’est un bel hommage que tes parents ont fait en choisissant ta marraine pour cette raison, ton prénom est donc Raphaëlle ?
Bise
Mam'Weena
8 février 2017 at 9 h 30 min😉
booubouu
7 février 2017 at 12 h 29 minBon & bien je ne peux pas dire que cet article ne me touche pas, puisqu’il me touche de plein fouet. Mon bébé est décédé durant le premier trimestre de ma grossesse, aux yeux de tous il n’a pas tellement vécu. Mais pas aux yeux de mon conjoint & moi même. Bref, quel courage !
PS : tellement bien écrit cet article, comme d’habitude !
Bisous
lesdelicesdeframboise
8 février 2017 at 9 h 23 minje trouve que peu importe le temps passé in utero, ce bébé a quand même vécu, on l’a attendu, espéré, il est autour de nous. On a entendu son coeur battre, on l’a vu a l’échographie, on a commencé à lui parler…à vos yeux il était bien là <3
Merci ma belle de l'avoir lu.
Bisous
Marion
7 février 2017 at 18 h 03 minMerci pour cet article plein de bienveillance, nous avons perdu notre bébé en 2012, aujourd’hui nous avons deux petits garçons (2 ans et 4 mois) et il n’y pas un jour où nous n’avons pas une pensée pour l’ainé de la fratrie parti trop vite. L’amour est la clé pour avancer.
lesdelicesdeframboise
8 février 2017 at 9 h 24 minUne pensée pour votre petit ange <3
L'article est aussi pour lui.
je ne peux pas vraiment parler car je n'ai pas vécu ça, mais en effet l'amour et la bienveillance semblent être la clé pour avancer et se reconstruire.
Merci d'être passée par ici et d'avoir partagée votre expérience.
Bises
Tina
7 février 2017 at 22 h 22 minComment dire, pouvoir en parler libère d’un poids… Certes la douleur est toujours présente… ayant perdu mon premier bébé au début du 2ème trimestre de grossesse, j’ai l’impression que même aujourd’hui il me manque quelque chose, souvent je rêve de mes enfants et moi et il est là, en vie, en pleine santé et la seule chose que je souhaite c’est continuer à rêver eveillée… courage a toutes les Mamanges, tous nos bébés seront en vie dans nos coeurs a jamais pour nous…
lesdelicesdeframboise
8 février 2017 at 9 h 26 minOh ma jolie Tina, je ne savais pas pour ce premier bébé. Je suis sûre qu’il veille sur vous, il sera toujours avec vous.
Merci pour ton message,
Bisous <3
Maman BCBG
8 février 2017 at 10 h 42 minMon Dieu… j’ai déjà eu les larmes aux yeux rien qu’en lisant ton article…
Difficile de trouver les mots pour entourer nos proches qui ont eu cette épreuve à vivre, mais je me rends compte que le silence est finalement presque une punition supplémentaire, en niant la réalité de l’enfant perdu 🙁
lesdelicesdeframboise
11 février 2017 at 10 h 12 minOui c’est ça :/ En fait le silence est encore bien plus pesant que des mots maladroits, car ça donne l’impression que ce qui s’est passé n’est pas réel ou n’est jamais arrivé.
De plus, suite à cet article, on se rend compte que ça touche bien plus de personnes qu’on ne le pense mis que personne ose en parler.
Bises à toi 🙂
mamampoule
10 février 2017 at 16 h 12 minTrès bel article comme toujours. C’est vrai que c’est en lisant des témoignages de ce genre qu’on se rend compte de la chance que l’on a de ne pas avoir connu de telles souffrances. Que toutes mes pensées accompagnent tous les Paranges… <3
lesdelicesdeframboise
11 février 2017 at 10 h 13 minOui nous sommes vraiment des chanceuses, merci à toi pour ton message.
Bises
Amandine Plume2vie
24 février 2017 at 10 h 56 minEffectivement nous sommes sans mots… clarisse tu as trouvé les mots mais jimagine tres Bien la difficulté que tu as du avoir à écrire ces lignes. De plus Jai lut cet article avec mon 2ème garçons dans mes bras étrangement je l’ai regardé dans les yeux et je l’ai serré encore plus fort contre Moi! J’avoue avoir vecu ma 2eme grossesse en y pensant. Il est arrivé les yeux ouvert mais sans un son, ils sont partis de suite le désencombrer mais ça fait peur, La peur quil ne revienne jamais… Alors je n’ose imaginer ce que Melanie a vecu. 7000 parents par an Cest énorme. MERCi pour elle et MERCi pour ce bel article. Jai été ému au plus profond. Une pensée pour Luna✨🙏
lesdelicesdeframboise
24 février 2017 at 13 h 54 minMerci à toi d’avoir pris le temps de lire mon article. Oui j’ai eu du mal à trouver les mots, car j’avais envie de pleurer à chaque ligne mais aussi car je ne voulais pas être maladroite, je voulais être juste, pour rendre hommage à Mélanie et sa petite Luna ainsi qu’à toutes les familles qui vivent ça. J’ai échangé pas mal avec elle du coup.
Oh oui quand ils ont emmené bébé tu as dû être angoissée sur le moment.
Bises et merci a toi !
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15 octobre 2017 at 9 h 57 minJe n’aurais pas le courage de lire ce livre je crois… C’est quelque chose qui me touche profondément, lire ton article est déjà tellement éprouvant. Mais nécessaire. La perte d’un enfant, même in utero, est toujours la perte d’un enfant. C’est atroce. Contre nature. Inimaginable. Bises
lesdelicesdeframboise
15 octobre 2017 at 17 h 28 minje l’ai fait pour la soutenir, pour que ce sujet ne soit pas autant tabou mais clairement ce n’est pas facile de lire ce livre. Comme tu dis c’est juste atroce et inimaginable, personne ne devrait vivre cela ! Bisous
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